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Une figure de l’émancipation féminine au collège

Exposition Simone Veil au collège de Poisy - mars 2021

Exposition Simone Veil au collège de Poisy - mars 2021  © Dep74 - L. Guette

Le 8 mars 2021, journée internationale des droits des femmes, le collège Simone Veil à Poisy a rendu hommage à l’une des figures féminines du XXe siècle : Simone Veil, à la fois témoin des horreurs de son siècle et actrice majeure de son époque.

C’est dans le cadre du projet « ESV E I L* », imaginé en 2020 pour entretenir la mémoire du parcours exceptionnel de Simone Veil afin de transmettre des valeurs et permettre de nouveaux engagements pour les générations d’aujourd’hui et de demain, que le collège de Poisy, éponyme, accueille une exposition** dédiée à cette femme au parcours exceptionnel.               

Après Strasbourg, Angoulême, Nancy, Metz…, ce collège de Haute-Savoie, baptisé Simone Veil le 8 mars 2019, a installé dans le son hall pour un mois, l’exposition créée à partir de l’ouvrage « Simone Veil, mon héroïne » de Leïla Slimani, illustré par Pascal Lemaître (aux éditions de l’Aube). Elle se décline en 17 panneaux, autour de cinq grands thèmes : la Shoah, la femme, la politique, l’Europe et l’héritage. L’exposition a été inaugurée le 8 mars, en présence de Jean-Olivier Viout, membre honoraire du Conseil supérieur de la magistrature.

*ESVeil : Établissement Simone Veil / Projet de réseau d’établissements portant le nom de Simone Veil.

**Création : Service Vie culturelle, Relations internationales et Anciens Combattants de la Ville de Villers-lès-Nancy

Dans la continuité de l’exposition, des rencontres sont prévues au collège

  • Le 9/04 : Samuel Pintel

Fils unique de deux Juifs polonais émigrés à Paris en 1933, Samuel Pintel, 83 ans aujourd’hui, a échappé de justesse à la rafle d’Izieu. Devenu un brillant ingénieur en électronique, il a travaillé dans le domaine astronomique et a participé à la mission Gaia que mène l’Agence spatiale européenne.

  • En avril : François Bourcier

Comédien et metteur en scène, il s’est formé à l’École de la Rue Blanche, à Paris, et perfectionné au Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique. Il enseigne l’Art dramatique à l’Université en Arts du Spectacle (à Évry) et aux Ateliers du Sudden de Raymond Acquaviva. Il a été récompensé à de nombreuses reprises : prix Théâtre des Rencontres internationales Georges Brassens en 1989 ; Molières 1994 et 1996, Molière des Étudiants 2006… Son intervention au collège de Poisy permet de revenir sur l’engagement de Simone Veil pendant la Seconde Guerre mondiale.

  • En mai : Tahar Ben Jelloun

Écrivain, peintre et poète franco-marocain, il est notamment connu pour son roman récompensé du prix Goncourt, La nuit sacrée, ses nombreux essais pédagogiques dont Le racisme expliqué à ma fille et sa collaboration régulière au journal Le Monde. Il a déclaré dans Le Point, que « l’Europe nous apporte paix, démocratie et prospérité. Des valeurs qui nous semblent naturelles, mais qui ne vont pas de soi ».

Simone Veil, une femme, un destin

Figure de l’émancipation féminine, de l’espérance européenne, rescapée de la Shoah, elle était tout cela à la fois. Simone Veil, née Jacob, voyait le jour le 13 juillet 1927 au cœur des Alpes. Elle était la dernière d’une fratrie de quatre enfants. Sa famille, juive non pratiquante, s’était installée à Nice, dans les Alpes-Maritimes. Le 13 avril 1944, Simone Veil fut déportée avec sa mère et sa sœur dans le camp d’Auschwitz en Pologne. Elle y a survécu durant 11 mois, mais sa sœur et sa mère sont décédées dans des conditions épouvantables.

Simone Veil n’a pas seulement été le témoin de la pire des horreurs du XXe siècle, elle fut aussi une des actrices majeures de cette époque. Les souffrances endurées, le chagrin accumulé ont fait d’elle ce personnage qui marquera à tout jamais l’époque contemporaine. Sur un champ de peines, Simone Veil a bâti l’engagement qui a guidé sa vie entière. Femme rigoureuse, elle devint juriste, privilégiant le droit, la loi, « car c’est ce qui permet aux faibles de se défendre », contrairement à la loi de la jungle qu’elle a éprouvée dans les camps. Elle a choisi résolument la vie. De la famille Jacob dont elle était issue, il restait si peu de membres qu’elle tint à en fonder une autre, la sienne, la famille Veil. Son couple fut si fort qu’il entra côte à côte au Panthéon, le temple de la République, en 2018, un an après sa disparition.

En 1970, Simone Veil devint la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature. Quatre ans plus tard, le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, la désignait ministre de la Santé. Elle y découvrit un monde qu’elle connaissait peu. Être féministe pour elle consistait à encourager les femmes à participer à la vie politique et sociale. Son combat pour l’avortement marqua un tournant dans son parcours et dans la vie des Françaises. L’égalité des sexes resta son point d’ancrage. La construction européenne également, après le désastre de la Seconde Guerre mondiale. Elle allia les deux en devenant la première femme présidente du Parlement européen. En politique, elle se garda des débats stériles ; car, tout au long de sa vie, elle a choisi de construire.