Culture et patrimoine

Mon beau village : Yvoire, un trésor médiéval au cœur du Léman

Yvoire

Yvoire. Photo Nextime Production

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Yvoire. Photo Nextime Production

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Yvoire. Photo Nextime Production

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Yvoire. Photo Nextime Production

Par Benjamin ARNAUD. En partenariat avec Le Dauphiné Libéré, dans le cadre du concours Mon beau village

Ceint par les eaux du Léman, clos par ses remparts médiévaux, Yvoire émerveille par son condensé d’histoire vieux de 700 ans. Un écrin de richesses qui s’est longtemps ignoré, et que visite un million de personnes chaque année.

Ses remparts et ses portes du Moyen Âge, ses maisons en grès calcaire et ses ruelles multi-centenaires, son château, imposant, son église, au clocher détonnant. Et le Léman ! Le million de visiteurs qui vient chaque année à Yvoire, bourg médiéval vieux de 700 ans, ne s’y sont pas trompés. Assis sur son promontoire, le village classé est un joyau dont on ne peut se lasser.

Un village rural et pauvre

Il n’y a pourtant pas si longtemps, ce patrimoine naturel et humain était ignoré. Avant la Seconde Guerre mondiale, Yvoire était pauvre : un village de paysans et de pêcheurs. « Quand les hommes du village sont revenus des camps de travail en Allemagne, ils ont ramené une idée nouvelle, qu’ils avaient découverte en échangeant avec leurs camarades de misère venus des quatre coins d’Europe : développer le tourisme », raconte Jean-François Kung, maire depuis 2014. Dotés d’une « vision », ces jeunes hommes, dont Paul Jacquier, maire de 1945 à 1995, prennent conscience des attraits de leur village et veulent faire venir les visiteurs.

Durant plusieurs décennies, l’Yvoire rural et populaire d’antan côtoie l’Yvoire touristique et patrimonial. « Les dernières vaches arpentaient les rues jusqu’en 1975 », indique Geneviève Favre, guide du patrimoine. « Les visiteurs étaient à la fois contents de voir des vaches et puis furieux à cause des bouses, se souvient Yves Bouvier d’Yvoire, dont la famille est propriétaire du château depuis 1655. Les fermiers devaient les ramasser derrière eux ! » Au même moment, la culture gastronomique se développe. On cuisine les filets de perches, spécialité rapportée par quelques Yvoiriens allés vendanger de l’autre côté du lac, où l’on sert le fameux poisson en filet depuis longtemps.

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Yvoire. Photo Nextime Production

La reine d’Angleterre y est venue

Dans les années 50, EDF installe à Yvoire des camps de vacances, contribuant à sa renommée.

Ne manquant pas de volonté, les habitants se lancent par ailleurs au même moment dans un vaste fleurissement des maisons et rues. Avec réussite, puisque le village garde la distinction “4 fleurs” du label Villes et villages fleuris depuis 1959.

Yvoire attire également régulièrement des célébrités, comme récemment Julie Gayet et François Hollande. « La reine d’Angleterre, Mary, épouse du roi Georges V, est venue, et Gorbatchev, qui aimait beaucoup le jardin, venait très discrètement, portant toujours un chapeau », livre Yves d’Yvoire.

Si Yvoire a su préserver une grande partie de son patrimoine, notamment les remparts, les derniers de la rive sud du Léman, la pauvreté des habitants n’y est pas pour rien, car faute d’argent, « les villageois ne pouvaient pas casser les remparts ou agrandir leurs maisons », ajoute le baron d’Yvoire. « Les maisons sont restées coincées dans cette structure médiévale, les rues ont gardé leur configuration, mais les maisons ont beaucoup évolué », nuance Geneviève Favre. Le château du XIVe  siècle, massif, presque intimidant, est une pièce essentielle de l’identité d’Yvoire. À côté, le Jardin des cinq sens, également propriété du baron, offre une expérience sensorielle unique en France.

Acmé de ce voyage dans le temps, toute promenade à Yvoire conduit inévitablement au Léman, joyau naturel incontestable du bourg, dont les eaux, aux teintes envoûtantes, sont une invitation à prolonger le voyage.

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Yvoire. Photo Nextime Production

Le clocher et la féra

Derrière le clocher à bulbe étonnant de l’église d’Yvoire, se cache une histoire comme seul le Léman peut en donner. Auparavant coiffée d’un clocher mur percé d’ouverture pour accueillir les cloches, l’église d’Yvoire change totalement d’aspect en 1856, avec la construction d’un clocher en forme de bulbe, en fer étamé.

« L’idée est apportée par des habitants qui reviennent à Yvoire après avoir fui la conscription obligatoire durant la Révolution française. Ils s’étaient réfugiés dans les vallées alpines et ont été séduits pas les clochers à bulbe qu’ils y ont vus », raconte Geneviève Favre, guide du patrimoine.

Dans les années 1980, la couverture du clocher, rouillé et abîmé doit être rénovée. L’architecte du patrimoine proposait alors une couverture en cuivre, mais le maire, Paul Jacquier, s’y opposait catégoriquement. Ce fils de pêcheur voulait retrouver son souvenir d’enfance d’un clocher brillant et argenté. « Il va donc voir l’architecte du patrimoine et lui dit : “Ton clocher en cuivre, je n’en veux pas. Je veux mon clocher, semblable aux écailles sur le ventre de cette féra”. Et il montre alors dans un sac en plastique un beau poisson du Léman, une féra aux teintes brun argenté, rapporte la guide du récit de Paul Jacquier lui-même. L’architecte s’est laissé convaincre et le clocher a donc été recouvert d’écailles en acier inoxydable non martelé. »

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Le jardin des Cinq sens a été inauguré en 1988. Photo Le DL /DR

Le Jardin des cinq sens, un chemin initiatique

Le Jardin des cinq sens ne fait pas partie du patrimoine historique d’Yvoire, car il a été ouvert en 1988. Mais il constitue aujourd’hui un des trésors du village classé, une expérience sensorielle unique en France.

À l’origine, ce terrain situé à proximité du château, tous deux propriétés du baron d’Yvoire, était destiné à accueillir un parking. Froissés par l’idée, les d’Yvoire décident finalement d’en faire un jardin. « Mon épouse a eu l’idée originale de faire un labyrinthe sur le thème des cinq sens, explique Yves Bouvier d’Yvoire à la tête de la petite entreprise. Après un temps de recherche et de réflexions, les travaux débutent en 1986, pour une ouverture en 1988. »

Le jardin s’inspire de ceux du Moyen Âge. C’est un chemin initiatique, avec une sollicitation à tour de rôle des cinq sens : vue, odorat, toucher, goût et ouïe. « La force du jardin, c’est qu’on invite au contact, il faut être acteur en sentant, goûtant, touchant », met en avant Matthieu Constans, chef jardinier, qui, avec son équipe, y fait pousser 1 500 variétés de végétaux. À chaque saison, le jardin apporte ses couleurs, odeurs, une expérience toujours renouvelée. « Mais si on cherche l’explosion des couleurs, la période de fin mai à mi-juin a sans conteste un charme », note Matthieu.

À vous de voter

La première phase de notre concours (1) est terminée. Le jury a désigné les 6 villages finalistes dans votre département. Pour la Haute-Savoie, il s’agit d’Abondance, Combloux, Le Grand-Bornand, Samoëns, Talloires-Montmin et Yvoire. Durant ce mois d’avril et jusqu’au début du mois de mai, nos rédactions départementales prendront la route et la plume pour mettre en lumière chacune de ces six communes.

Vous pouvez d’ores et déjà voter sur notre site internet ledauphine.com pour le village que vous préférez dans votre département (un vote par personne), et ce jusqu’au 20 mai. Vous allez ainsi élire votre grand gagnant. Tous les villages qui auront la faveur des votants recevront un premier prix départemental et le droit d’accéder à la grande finale “Mon beau village 2021”. Ainsi, début juin, les neuf communes ayant gagné les votes départementaux sur la zone de diffusion du Dauphiné Libéré et du Progrès auront droit à un nouveau coup de projecteur, avant votre grand vote final. Celui qui déterminera le grand gagnant régional. Le premier dans un concours de ce type !

(1) Concours réservé aux villages de moins de 5 000 habitants des départements couverts par Le Dauphiné Libéré en région Auvergne-Rhône-Alpes (Ardèche, Drôme, Isère, Savoie, Haute-Savoie) et Le Progrès (Ain, Loire, Haute-Loire et Rhône).

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