Culture et patrimoine

Mon beau village : Talloires, la “perle du lac” au pied des montagnes

Baie Talloires

La baie de Talloires est l’une des merveilles du lac d’Annecy. Les premiers à s’y installer furent des moines, il y a 1 000 ans © Nextime Production

Par Muriel ROTTIER. En partenariat avec Le Dauphiné Libéré, dans le cadre du concours Mon beau village

Talloires, le plus chic des villages balnéaires du lac d’Annecy, a une histoire millénaire. La beauté de sa baie enchâssée dans un écrin montagneux attire les artistes et les grands de ce monde depuis le XIXe  siècle.

Alangui dans la baie de Talloires, le lac d’Annecy arbore au soleil des couleurs changeantes, tantôt vert émeraude, tantôt bleu lagon. L’invitation à la baignade est presque irrésistible, face à un panorama d’une exceptionnelle beauté bordé à droite par la réserve naturelle du Roc de Chère.

D’ici quelques semaines, celle qu’on surnomme “la perle du lac” bruissera d’un joyeux brouhaha balnéaire. Derrière les murets tapissés de lierre, les volets des belles propriétés s’ouvriront. Voiliers et paddles reprendront du service, tout comme les hôtels et restaurants étoilés qui font la renommée de la baie, inscrite en lettres d’or dans les guides internationaux.

Talloires

© Nextime Production

Avec 2 000 habitants permanents, 8 000 lits saisonniers et 40 % de résidences secondaires, Talloires, devenu Talloires-Montmin en 2017 par fusion des deux communes, est la destination touristique la plus courue des bords du lac d’Annecy. « Le tourisme est notre activité économique principale, c’est presque une mono-activité », relève Didier Sarda, son maire depuis 2020.

Mais Talloires est d’abord un village à l’histoire millénaire. Pour Nicole Lacroix, guide du patrimoine et Talloirienne de cœur, « il est né deux fois : la première au XIe  siècle avec les moines, la seconde au début du XXe  siècle avec le père Bise. »

Sur des terres données en l’an 1018 par Rodolphe III, roi de Bourgogne, des moines bénédictins érigèrent ici, face au lac, un prieuré entouré de vignobles. L’abbaye fit longtemps vivre une communauté villageoise d’artisans, avant de devenir une auberge puis un hôtel.

Talloires

© Nextime Production

Lieu de villégiature des artistes et des têtes couronnées

Découvrant la baie de Talloires en 1860, l’impératrice Eugénie s’exclame : « Oh que c’est beau ! » Bientôt, d’autres lui emboîteront le pas, l’ère touristique est lancée.

Talloires devient un lieu de villégiature prisé des artistes, des intellectuels et des têtes couronnées. Paul Cézanne y peint en 1885 “​ Le lac bleu”. La reine Elizabeth, Winston Churchill ou la famille princière de Monaco y séjournent.

Pour nourrir et loger tout ce beau monde, François Bise ouvre en 1903 une auberge sur la baie. Ses successeurs en feront une des meilleures tables françaises, longtemps couronnée de trois étoiles au guide Michelin. Le chef Jean Sulpice préside à sa destinée depuis 2016.

Si sa baie et ses plages font sa renommée, Talloires-Montmin a aussi des atouts côté montagne. La commune est le premier spot européen de parapente (Planfay, la Forclaz), est dotée d’un golf 18 trous et regorge de sentiers de randonnée. « On a un patrimoine naturel riche, un terrain de jeu très vaste qui permet de ne pas subir l’effet touristique de masse », observe Didier Sarda.

Par le chemin des Moines qui emprunte un encorbellement sur le lac, on peut monter au Roc de Chère, réserve naturelle depuis 1977, dont les falaises plongent dans le lac. Du bourg, on grimpe aussi jusqu’à l’ermitage Saint-Germain, dont la bâtisse blanche surveille la baie sous les dents de Lanfon. Non loin, la cascade d’Angon offre une balade rafraîchissante aux familles.

Talloires

© Nextime Production

La Forclaz, point de vue magique

À 1147 mètres d’altitude, le col de la Forclaz est célèbre pour trois raisons : son site de décollage de parapente, son itinéraire cyclo et la vue plongeante qu’il offre sur le lac d’Annecy. Mais avant l’ère des loisirs, La Forclaz, l’un des sept hameaux du village de Montmin, était agricole. Il ne compte plus aujourd’hui qu’une quinzaine de résidents permanents et un seul exploitant : David Bastard-Rosset, propriétaire de 30 vaches laitières et du restaurant La Ferme.

Sa mère Monique et son oncle André sont nés au col et y vivent toujours. Leur père, Pierre Favre-Félix, s’y était installé en 1935 comme métayer. Le hameau était à l’époque loin de tout. « On allait à l’école et au catéchisme à Montmin : trois kilomètres à pied tous les jours, été comme hiver. »

À 69 et 74 ans, les deux retraités ont assisté à l’essor touristique du site : les premières “ailes volantes” au mitan des années 70, puis les cyclistes et les randonneurs avec l’élargissement de la route dans les années 80.

Aujourd’hui, la saison touristique bat son plein de Pâques à novembre. Le paysage, lui, est immuable : « Je ne m’en suis jamais lassée », sourit Monique, qui préfère la vue sur la montagne à celle sur le lac, à son goût un peu trop galvaudée.

L’Abbaye : des moines à l’hôtellerie de luxe

Prendre un verre sur la terrasse de l’Abbaye et faire bronzette sur son ponton de bois est incontournable pour qui passe un été chic sur les bords du lac d’Annecy. Idéalement placé face à la baie, l’hôtel-restaurant quatre étoiles est fréquenté depuis 150 ans par les célébrités du monde entier : de Napoléon III à Richard Nixon en passant par Mark Twain, Gabriel Fauré ou Paul Cézanne, plus récemment Jean Reno ou Bruce Willis.

Il est installé dans un bâtiment construit en 1681, inscrit aux monuments historiques depuis 1944 et héritier du premier prieuré inauguré en l’an 1031 (dont il ne reste que peu de traces aujourd’hui). L’abbaye bénédictine a rayonné pendant cinq siècles, puis connu des péripéties jusqu’à son pillage par des révolutionnaires français qui avaient fait intrusion dans le Duché de Savoie.

« Ils ont fait un grand feu de joie avec les meubles et les livres des moines et ont tout brûlé », raconte Nicole Lacroix, guide du patrimoine.

Le site est ensuite devenu une exploitation viticole, puis à partir de 1862, une auberge. En 2021, on y dort toujours, quoiqu’avec plus de confort, dans les chambres des moines…

A vous de voter

La première phase de notre concours (1) est terminée. Le jury a désigné les 6 villages finalistes dans votre département. Pour la Haute-Savoie, il s’agit d’Abondance, Combloux, Le Grand-Bornand, Samoëns, Talloires-Montmin et Yvoire. Durant ce mois d’avril et jusqu’au début du mois de mai, nos rédactions départementales prendront la route et la plume pour mettre en lumière chacune de ces six communes.

Vous pouvez d’ores et déjà voter sur notre site internet ledauphine.com pour le village que vous préférez dans votre département (un vote par personne), et ce jusqu’au 20 mai. Vous allez ainsi élire votre grand gagnant. Tous les villages qui auront la faveur des votants recevront un premier prix départemental et le droit d’accéder à la grande finale “Mon beau village 2021”. Ainsi, début juin, les neuf communes ayant gagné les votes départementaux sur la zone de diffusion du Dauphiné Libéré et du Progrès auront droit à un nouveau coup de projecteur, avant votre grand vote final. Celui qui déterminera le grand gagnant régional. Le premier dans un concours de ce type !

(1) Concours réservé aux villages de moins de 5 000 habitants des départements couverts par Le Dauphiné Libéré en région Auvergne-Rhône-Alpes (Ardèche, Drôme, Isère, Savoie, Haute-Savoie) et Le Progrès (Ain, Loire, Haute-Loire et Rhône).

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