Données du territoire : les évolutions marquantes

Une mission essentielle de l’Observatoire départemental est le partage et la diffusion de connaissances auprès des collectivités et organismes qui prennent part au développement du département. L’Observatoire départemental est un outil gratuit d’aide à la décision que le Département met à disposition des territoires de la Haute-Savoie.

La restitution annuelle :

En s’appuyant sur l’évolution des chiffres collectés ces derniers mois ou en s’orientant sur des questions précises, la restitution annuelle permet de comprendre les phénomènes observés à l’échelle départementale et de les mettre en perspective.

La restitution ciblée :

A la demande des collectivités, d’autres présentations permettant de mettre en relief les spécificités d’un périmètre géographique sont faites ponctuellement.

Le « portrait de territoire » :

Généré à partir de la base de données, il permet d’obtenir 10 pages de données socio-économiques d’un territoire dessiné à la carte (communes, communauté de communes, SCOT, Syndicat, Bassin de vie, etc.). Le portrait de territoire peut, par exemple, servir les collectivités engagées dans l’élaboration ou la révision de leur document d’urbanisme, particulièrement au moment de la phase diagnostic. Ce document permet d’accéder rapidement aux principaux chiffres de sa collectivité, sans avoir à contacter différents interlocuteurs. Les « Portraits de Territoire » sont depuis 2018 en libre-service sur le site internet du Département. En 2019, ils ont été téléchargé près de 3 500 fois.

Les extractions :

Pour les territoires qui souhaitent approfondir des questions ciblées, il est possible de procéder à des extractions. Elles permettent notamment de croiser les indicateurs entre eux et de mettre en lumière des phénomènes précis qui ne sont pas abordés dans le cadre des « Portraits de Territoire ».
L’Observatoire départemental est devenu un outil indispensable pour les collectivités territoriales ; chaque année, le Département répond à plus de 350 sollicitations.

Données clés de la présentation 2019 de l’Observatoire départemental

1/ La Haute-Savoie en tête des palmarès

Un dynamisme démographique hors norme

• La Haute-Savoie comptait 820 000 habitants début 2018. La croissance de la population est exceptionnelle, avec plus de 10 000 habitants supplémentaires chaque année, depuis 20 ans. Le rythme de croissance est deux fois plus rapide qu’en Auvergne-Rhône-Alpes et près de trois fois plus rapide qu’en France métropolitaine.
• Les écarts entre territoires sont très importants. La population stagne, voire recule, dans les massifs de montagne (jusqu’à -24% à Megève depuis 2000). A l’inverse elle a véritablement explosé dans le Genevois (jusqu’à +84% à Vulbens).
• La croissance ralentit nettement depuis 2014. Le solde naturel a reculé de 19% en 3 an en raison d’un recul du nombre de naissances couplé à un nombre record de décès.

Une richesse économique qui s’accompagne d’un retour de la croissance de l’emploi

• Le nombre d’emplois, tous secteurs marchands confondus, a augmenté de 5,1% en 2 ans. Même le secteur industriel, qui a longtemps connu de sérieuses réductions d’effectifs, est à nouveau excédentaire (+ 1 739 emplois en 3 ans). La croissance est la plus forte dans les emplois présentiels (au service de la population) et dans la construction.
• La Haute-Savoie se retrouve dans une situation proche du plein emploi, avec un taux de chômage de 6,2% en juin 2019 (7,3% en Auvergne-Rhône-Alpes, 8,2% en France métropolitaine), ce qui accentue les difficultés pour recruter du personnel.
• Le revenu médian est le 4e plus haut revenu de France. Il est de très loin celui qui a le plus augmenté en 10 ans (+3% par an). Les écarts peuvent être très importants d’un territoire à l’autre, voire d’un quartier à l’autre, y compris en zone frontalière.

Une population de plus en plus mobile

• Le turn-over de la population est très rapide. Chaque année, les arrivées représentent en moyenne 8,7% de la population communale en Haute-Savoie, et les départs 7,8%. Le Genevois et le bord du lac d’Annecy sont les territoires les plus concernés.
• Le turn-over s’est fortement accéléré au fil du temps : le volume des départs et des arrivées annuels a été multiplié par 2,3 entre la décennie 1990 et les cinq dernières années.

La consommation des ménages en lien avec le niveau élevé du pouvoir d’achat

• Le coût du logement a augmenté de 18% en 10 ans, atteignant 3 792 € par m² à l’achat, et 12,2 € par m² à la location. On est loin des niveaux franciliens ou de Genève, mais ces niveaux restent parmi les plus élevés de France. Le prix moyen d’un logement neuf est en moyenne 11% plus cher qu’en France.
• 90% des ménages disposent d’au moins une voiture en Haute-Savoie, contre 81% en moyenne en France métropolitaine. Le parc automobile a progressé de 48% en 15 ans.
• La pratique de loisirs est particulièrement forte dans le département : 28 licences sportives pour 100 habitants contre 23% en France métropolitaine.

2/ Un territoire ouvert depuis très longtemps sur le monde extérieur

• Comme ailleurs, la Haute-Savoie connaît des mutations sociales et environnementales de grande envergure
• Le poids de la population de plus de 75 ans a été multipliée par 2,2 depuis 1968 (8% de la population en 2016). C’est un enjeu considérable, notamment en matière d’ouverture de lits médicalisés supplémentaires, tout en favorisant le maintien à domicile.
• Les locaux industriels ne pèsent plus que 25% des mises en chantier en 2017 en Haute-Savoie, contre 43% en 1999.
• La température moyenne a augmenté de 3,3°C à Chamonix depuis 1900, avec une accélération nette depuis les années 80. Conséquence directe : le recul des glaciers (celui d’Argentière a perdu 30m d’épaisseur en 40 ans), et la réduction du manteau neigeux.

Des particularités locales qui accentuent l’ouverture du département

• Près de 105 000 travailleurs frontaliers en Haute-Savoie fin 2018 (dont 93 000 pour le seul canton de Genève), et leur nombre a été multiplié par 2,3 en 15 ans.
• La Haute-Savoie est le berceau du tourisme mondial : plus de 34 millions de nuitées en2018, et les investissements dans les domaines skiables restent massifs (59,9 M€ en 2018).
• Des filières économiques au rayonnement international reconnu : le sport outdoor (3 milliards d’€ de chiffre d’affaires en 2017), l’image en mouvement et les industries créatives (130 M€), qui abritent des leaders mondiaux et des start-up réputées, et affichent des taux de croissance très rapides.
•  L’excédent migratoire est lié à 94% aux migrations avec l’étranger et les territoires situés à plus de 500km. Un dynamisme surtout alimenté par les emplois de cadres.

3/ L’accompagnement de la croissance : des effets limitateurs ou accélérateurs ?

L’amélioration des conditions d’accueil :

• Dans le domaine économique, la Haute-Savoie offre à ses entreprises un panel de plus en plus varié de solutions d’accueil. Pour les espace de coworking, l’offre est passée de 50 m² en 2013 à… 5 173 m² en 2019 !
• La croissance rapide de la population implique la construction de nombreux équipements publics et d’équipements commerciaux (plus de 33 000 m² autorisés chaque année en moyenne depuis 1997).
• Plus de 10 000 étudiants font leurs études supérieures en Haute-Savoie ; c’est 17% de plus en 15 ans.
• L’urbanisation du territoire se poursuit (162 hectares en 2018) mais de façon plus économe. 496 m² sont ainsi artificialisés pour chaque nouvel habitant en Haute-Savoie, contre 867 m² en Auvergne-Rhône-Alpes et 1 785 m² en France métropolitaine.

Mise en place de régulations visant à une préservation durable des conditions d’accueil pour limiter les engorgements

• Pour optimiser le foncier plus rare et plus cher, et mieux répondre à la demande de ménages plus petits, la taille des logements neufs a reculé de 20 m² en 20 ans. Ce phénomène est lié surtout à la raréfaction de la construction de maisons individuelles (52% du total des constructions en 2000, contre 26% en 2018)
• La gestion domestique de l’eau et des déchets s’est considérablement améliorée. Le tonnage de déchets produits par habitant a reculé de 2% en 8 ans, et les prélèvements en eau ont reculé de 10% en 15 ans.
• Le parc locatif social se développe rapidement, avec 1 659 nouveaux logements livrés en 2018. C’est un niveau record qui répond à une nécessité puisque le parc haut-savoyard (11% des résidences principales) est moins étoffé qu’en France (17%) ou en Auvergne-Rhône-Alpes (16%).
• Les transports en commun se développent. Le trafic ferroviaire voyageurs a ainsi progressé de 64% en 15 ans en Haute-Savoie. Cependant, seuls 6,6% des actifs utilisent un transport en commun pour se rendre au travail en 2016 (ils étaient 4,6% en 2006).
• Les énergies renouvelables produites en Haute-Savoie couvrent 16% de la consommation énergétique du département. Elles proviennent largement de l’hydroélectricité (45%) et du bois (41%) ; le photovoltaïque représente 0,8%.

La société s’adapte au contexte local et aux difficultés des actions correctrices

• Les coûts souvent prohibitifs du logement poussent la population à s’éloigner des lieux d’emploi, ce qui accentue la distance domicile-travail (+37% en 10 ans). Aujourd’hui, un actif sur trois habite dans sa commune de travail (51% en 1990).
• Les revenus élevés des ménages en Haute-Savoie permettent d’offrir à leurs enfants des études longues. Or, l’offre locale en études au-delà du Bac+2 reste modérée. En conséquence, 24% des 18-21 ans étudiaient hors du département en 2016, contre 14% en 1999. Et dans le même temps, le nombre d’étudiants haut-savoyards à l’étranger a triplé.
• 24 132 foyers demandaient début 2019 à intégrer le parc locatif social (+89% en 8 ans). Ce nombre record ne cesse de croître malgré les nombreuses livraisons de logements sociaux, ce qui témoigne d’une tension extrême sur le marché immobilier. L’engorgement sur le parc locatif social est tel que le délai d’obtention d’un logement a augmenté de 53% en 9 ans pour atteindre 547 jours en 2019.
• Même si la Haute-Savoie est le département dans lequel il est le plus faible, le taux de pauvreté (moins de 1026 € par mois) atteint 9,2% de la population en 2016. Un chiffre à relativiser compte tenu du coût de la vie dans notre territoire. En 2018, 5 286 personnes ont sollicité un hébergement d’urgence, dont 21% sont des enfants.

Zoom sur la mobilité et l’habitat en Haute-Savoie

Entre 2015 et 2017 le Département de la Haute-Savoie a réalisé une Enquête Déplacements Grand Territoire (dite « EDGT »). Il s’agit d’une enquête auprès des
habitants pour connaitre leurs pratiques quotidiennes de déplacement : quel mode de transport utilisent-ils, combien de temps consacrent-ils à se déplacer par jour, jusqu’où se déplacent-ils pour travailler… 11 000 personnes ont été interrogées, soit par téléphone soit en face à face.
Le Département a souhaité rendre disponible ces informations au plus grand nombre. Pour cela un site internet a été développé où les données sont présentées sous forme de graphiques interactifs. Le site offre deux portes d’entrée pour consulter les données : l’une par thématique (l’équipement des ménages, les motifs de déplacements, les parts modales, etc.) et l’autre par territoire. L’approche par territoire permet de sélectionner un secteur géographique (par exemple « le Grand Annecy » ou « Pays d’Evian ») et d’y trouver des données propres à ce territoire. Toutes les données et les graphiques peuvent être exportés depuis le site, sous différents formats.

Quelques résultats de l’enquête à l’échelle de la Haute-Savoie :

• Les Haut-Savoyards se déplacent sur de longues distances chaque jour, quel qu’en soit le motif : 34 km par jour et par personne, en moyenne ; contre 22 km en Rhône-Alpes.
• 26 % des déplacements des hauts-savoyards sont réalisés à pied, 6 % en transports collectifs et 64 % en voiture.
• 86 500 déplacements sont réalisés par jour vers la Suisse par des habitants de la Haute-Savoie. 4 sur 5 d’entre eux sont réalisés en voiture, 16% en transports collectifs.
• Les habitants des territoires montagneux, périurbains et ruraux, soit la moitié de la population du département, parcourent en moyenne 10 km de plus par jour que les habitants des villes. Ils utilisent davantage la voiture et beaucoup moins la marche à pied, mais empruntent presque autant les transports en commun, malgré une offre plus réduite. Un déplacement pour se rendre au travail dure en moyenne 22 min en Haute- Savoie, 50 min s’il est à destination de la Suisse.