Enfance & famille

Coronavirus, en parler avec vos enfants !

Mère et fils

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La France traverse une crise sanitaire et vit confinée depuis le 17 mars. Si les adultes en comprennent les raisons et les enjeux, qu’en est-il des enfants ? Comment leur expliquer pourquoi ils ne peuvent plus aller à l’école et voir leurs copains, pratiquer leurs activités habituelles ? Comment parler aux enfants du coronavirus et de ses conséquences : la maladie, sa gravité, la mort évoquées au quotidien et largement relayées par les médias… quel impact sur nos enfants ?

Vous êtes confrontés à la nécessité de parler de l’épidémie de coronavirus aux enfants et aux adolescents. Ces discussions peuvent paraître difficiles ou anxiogènes, mais face à une telle situation familiale et sociétale, elles peuvent être pourtant nécessaires. S’il n’y a pas de « bonnes » ou « mauvaises » manières en soi de s’adresser aux enfants, voici néanmoins quelques conseils relayés par le service de Protection Maternelle et Infantile du Département :

  • Créer un espace de discussion ouvert et sécurisant pour que les enfants questionnent au sujet de cette épidémie. Ne pas les forcer s’ils n’y sont pas prêts.
  • Répondre aux questions le plus honnêtement possible. Les enfants sentiront si on leur cache des choses. Cela pourrait impacter leur capacité à faire confiance et se réassurer auprès de l’adulte par la suite.
  • Utiliser des mots et concepts simples, adaptés à l’âge et au niveau de langage. Il faudra peut-être répéter plusieurs fois les informations et les explications. Certaines peuvent être difficiles à comprendre ou à accepter. Poser plusieurs fois la même question est parfois une manière pour les enfants de solliciter de la réassurance.
  • Reconnaître et valider les pensées des enfants, leurs sentiments et leurs réactions. Leur faire savoir que nous pensons que leurs questions et inquiétudes sont légitimes et importantes.
  • Se souvenir que les enfants ont tendance à personnaliser les situations. Ils peuvent par exemple s’inquiéter spécifiquement de leur sécurité et de celle de leurs proches. Ils peuvent également s’inquiéter pour leurs amis ou famille qui vivent loin ou à l’étranger.
  • Etre rassurant, mais sans faire de promesses non réalistes. C’est important de laisser entendre aux enfants qu’ils sont en sécurité dans leur maison. Mais il ne faut pas leur faire la promesse qu’il n’y aura pas de cas de coronavirus dans leur périmètre de communauté.
  • Ne pas cacher aux enfants l’importance de l’épidémie, que toute la population est touchée et mobilisée. C’est une bonne occasion de leur montrer que lorsqu’une adversité survient à l’échelle collective, nous prenons appui les uns sur les autres.
  • Les enfants apprennent de leurs parents et de leurs proches. Ils sont très intéressés de voir comment les adultes réagissent à l’épidémie et à la situation qu’elle génère. Il peut donc être important de ne pas leur cacher systématiquement les conversations à ce sujet entre adultes.
  • Ne pas laisser les enfants trop regarder la télévision et les images effrayantes qui y sont diffusées en permanence. La répétition de telles scènes peut être perturbante et générer beaucoup trop de stress.
  • Porter une attention particulière aux enfants déjà affectés, qui ont déjà traversé des maladies graves ou des deuils par le passé. Particulièrement vulnérables à développer des réactions intenses ou prolongées face à de nouvelles expériences de maladies ou de mort, ils justifient d’un soutien particulier.
  • Certains enfants particulièrement touchés par le stress peuvent relever d’une évaluation spécifique par un professionnel. Perturbations de l’endormissement, pensées ou images intrusives, peurs récurrentes à propos de la maladie ou de la mort, appréhension marquée de la séparation avec les parents, survenue de comportements régressifs (pipi au lit, etc) sont des signes d’inquiétudes appelant une aide. Si de tels comportements perdurent, ne pas hésiter à consulter un professionnel de santé.
  • Laisser les enfants rester des enfants. Bien que la plupart d’entre nous suivent avec attention les nouvelles quotidiennes en lien avec le coronavirus, la plupart des enfants veulent simplement continuer à vivre leur enfance. Il est possible qu’ils ne veuillent pas savoir en permanence ce qui se passe dans leur pays ou dans le monde. Il faut donc bien sûr leur permettre de déconnecter,  jouer, se dépenser…

Les urgences de santé publique ne sont faciles à comprendre ni à accepter pour personne. Les enfants peuvent être particulièrement effrayés et désemparés. En tant qu’adultes, nous pouvons les aider au mieux en écoutant et en répondant à leurs questions de la manière la plus soutenante et honnête possible.

Heureusement la plupart des enfants ont de grandes capacités de résilience. En créant un environnement ouvert et rassurant où ils se sentent libres de poser leurs questions et d’appréhender les réponses, nous pouvons les aider à surmonter et faire face aux événements les plus stressants, de sorte à réduire le risque de difficultés émotionnelles.

 
Recommandations extraites de l’American Academy of Child & Adolescent Psychiatry